Illustration adapted from "Musculoskeletal Ultrasound" by OC Spine and Sports, available at https://www.ocspineandsports.com/blog/msk-ultrasound (accessed October 14, 2025).
🎯 Objectif
Utiliser l’échographie pour l’évaluation rapide, au lit du malade, des articulations, tendons, ligaments et structures périarticulaires, en particulier pour :
- Détecter un épanchement intra-articulaire ;
- Identifier une fracture ou une luxation ;
- Guider une ponction ou infiltration échoguidée ;
- Explorer une tuméfaction des parties molles ou localiser un corps étranger.
⚙️ But clinique : amener l’anatomie en temps réel dans l’évaluation articulaire — l’échographie comme stéthoscope du système musculosquelettique.
🧰 Sonde et Réglages
- Sonde linéaire 7–15 MHz : la plus utilisée pour toutes les articulations superficielles.
- Sonde convexe (2–5 MHz) : réservée aux articulations profondes comme la hanche.
- Préréglage : mode MSK ou Petites parties.
- Profondeur : ajuster pour centrer la capsule articulaire dans l’image (généralement 2–5 cm).
- Foyer : placé sur la capsule ou la ligne synoviale.
- Gain : faible à moyen (le liquide articulaire est noir, la capsule brillante).
- Doppler puissance : utile pour rechercher une hyperhémie synoviale (synovite active).
💡 Toujours régler la profondeur avec précision : les cavités articulaires sont superficielles ; un gain trop élevé masque les épanchements.
🧍 Positionnement du Patient
- Genou : patient en décubitus, genou fléchi à 20–30°, coussinet sous la rotule.
- Cheville : décubitus ou assis, pied à 90°.
- Épaule : patient assis, main sur la cuisse ou derrière le dos.
- Coude : fléchi à 90°, avant-bras supiné.
- Hanche : décubitus dorsal, rotation neutre (sonde convexe).
- Poignet : paume vers le bas, main posée à plat sur la table.
⚙️ Positionner l’articulation de manière à rendre la capsule accessible, détendue et la plus superficielle possible.
🧭 Principes de Balayage
- Utiliser une grande quantité de gel pour éviter toute compression excessive.
- Balayer chaque structure dans deux plans perpendiculaires (longitudinal et transversal).
- Identifier systématiquement :
- Le cortex osseux : ligne blanche continue et hyperéchogène ;
- La capsule articulaire : fine bande brillante et régulière ;
- Le liquide articulaire : zone anéchogène ou hypoéchogène ;
- Les tendons : structure fibrillaire échogène, dynamique à la mobilisation ;
- Les ligaments : faisceaux compacts hyperéchogènes.
Comparer toujours les deux côtés pour repérer un discret épanchement ou une asymétrie.
💧 Reconnaissance d’un Épanchement Articulaire
Un épanchement se manifeste par :
- Une poche anéchogène ou hypoéchogène profonde par rapport à la capsule, non compressible ;
- Un déplacement du coussinet graisseux adjacent (bombement vers le haut) ;
- Une synoviale épaissie ou vascularisée au Doppler ;
- Éventuellement des cloisons ou débris échogènes (hémarthrose ou infection).
Évaluation de la quantité :
- Minime : < 5 mm de profondeur ;
- Modérée : 5–10 mm ;
- Importante : > 10 mm ou distension de la capsule.
🎯 Mesurer la profondeur perpendiculairement à la capsule et noter la valeur en millimètres.
🧩 Applications Cliniques Fréquentes
- Genou douloureux ou tuméfié : mise en évidence d’un épanchement, d’un kyste poplité, d’une synovite ou d’une fracture.
- Traumatisme de cheville : évaluer le ligament talo-fibulaire antérieur et la présence de liquide intra-articulaire.
- Douleur d’épaule : recherche d’un épanchement, d’une rupture de la coiffe des rotateurs ou d’une luxation.
- Douleur du coude / suspicion de cellulite : différencier bursite olécranienne et épanchement articulaire.
- Hanche douloureuse chez l’enfant : dépister un épanchement (> 5 mm d’asymétrie par rapport au côté sain) → rechercher arthrite septique.
- Suspicion d’arthrite septique : confirmer l’épanchement puis guider la ponction évacuatrice ou diagnostique.
⚠️ En cas d’infection : épanchement + hypervascularisation au Doppler + douleur = drainage urgent.
🧠 Technique Échographique selon l’Articulation (aperçu)
- Épaule : approche antérieure (gouttière bicipitale), latérale (sus-épineux), postérieure (capsule). Rechercher : épanchement, luxation, rupture de la coiffe.
- Coude : sonde postérieure sur la fosse olécranienne ; repères : humérus, olécrane, triceps ; rechercher bursite ou épanchement.
- Poignet : plan dorsal sur le récessus radio-carpien ; rechercher épanchement ou ténosynovite.
- Hanche : abord antérieur ; repères : tête et col fémoral ; différence > 5 mm entre les deux côtés = épanchement anormal.
- Genou : plan supra-patellaire, au-dessus de la rotule ; repères : fémur, tendon quadricipital ; rechercher liquide ou synovite.
- Cheville : abord antérieur ; repères : tibia, talus ; recherche d’épanchement et de lésion ligamentaire.
⚡ Pièges Fréquents
- Pression excessive de la sonde : l’épanchement disparaît → utiliser un contact léger.
- Confusion entre coussinet graisseux et liquide : la graisse est échogène, le liquide anéchogène.
- Synoviale épaissie prise pour du liquide : vérifier au Doppler (synoviale vascularisée).
- Capsule oblique au faisceau ultrasonore : corriger l’angle pour éviter l’anisotropie.
- Gain trop fort : masque les petits épanchements → ajuster la luminosité.
🩺 Conclusion
L’échographie articulaire est un outil diagnostique et procédural majeur aux urgences :
elle permet une visualisation dynamique, non invasive et immédiate des structures articulaires.
Utilisée avec méthode, elle distingue efficacement les pathologies mécaniques, inflammatoires ou infectieuses, et guide en toute sécurité les gestes thérapeutiques.
💬 À retenir :
- Sonde linéaire, pression minimale, balayage en deux plans.
- Toute zone noire sous la capsule = liquide jusqu’à preuve du contraire.
L’échographie musculosquelettique rend la clinique visible et interactive.

