🎯 Objectif
Reconnaître les images échographiques normales du poumon aéré et comprendre les artefacts caractéristiques qui fondent l’interprétation de l’échographie pulmonaire :
les lignes A, les lignes B, le glissement pleural et les signes dynamiques au mode M (signe de la mer – signe du code-barres).
⚙️ Le but est de savoir distinguer un poumon normalement ventilé d’un poumon pathologique en s’appuyant sur l’analyse des artefacts.
🩻 Le Poumon Normalement Aéré
Le poumon sain ne se visualise pas directement, mais produit des artefacts caractéristiques dus à la réflexion des ultrasons sur l’air alvéolaire.
Vue typique
- Sonde : convexe ou cardiaque (2–5 MHz).
- Orientation : longitudinale, entre deux côtes.
- Repère : ligne pleurale hyperéchogène, horizontale, située à 0,5–2 cm sous la peau.
Signes normaux
- Ligne pleurale : fine bande hyperéchogène horizontale, régulière.
- Glissement pleural : scintillement horizontal rythmique au fil de la respiration.
- Lignes A : artefacts horizontaux parallèles, équidistants, répétés sous la plèvre.
- Lignes B isolées (≤ 2–3 par champ) : artefacts verticaux fins, mobiles, atteignant le fond de l’écran.
💡 Glissement + lignes A = poumon ventilé, sain et non collabé.
📡 Le Motif des Lignes A (poumon normal)
Les lignes A sont des réverbérations horizontales répétées, parallèles à la plèvre.
Elles s’estompent progressivement avec la profondeur.
Origine
Ces artefacts sont dus à la réflexion répétée des ultrasons entre la plèvre et la sonde, à l’interface air–tissu.
Interprétation
La présence de lignes A indique un poumon bien aéré, sans surcharge interstitielle ni condensation.
Elles sont visibles dans :
- le poumon sain,
- l’asthme,
- la bronchopathie chronique obstructive,
- les zones indemnes de pneumothorax.
🧠 A comme Air : un motif de lignes horizontales traduit toujours une ventilation normale.
💧 Le Motif des Lignes B (physiologiques ou pathologiques)
Les lignes B sont des artefacts verticaux fins, brillants, qui partent de la ligne pleurale et atteignent le fond de l’écran en effaçant les lignes A.
Elles bougent au rythme du glissement pleural.
Forme normale
- Peu nombreuses (1 à 2 par champ).
- Situées surtout dans les zones déclives (bases pulmonaires).
- Mobiles et fines.
Forme pathologique
- Multiples (≥ 3 par espace intercostal) ou confluentent en aspect « poumon blanc ».
- Traduisent un syndrome interstitiel : œdème pulmonaire, SDRA, fibrose, pneumonie interstitielle.
💬 B comme “bulle” : les lignes B signalent la présence de liquide dans l’interstitium.
🔄 Le Glissement Pleural
La plèvre apparaît comme une ligne brillante mobile : son mouvement horizontal régulier signe l’accolement de la plèvre viscérale et pariétale.
Signification
- Présent : plèvres accolées, ventilation normale, absence de pneumothorax.
- Absent : pneumothorax possible, atélectasie, apnée, ventilation sélective, adhérences pleurales, ou fibrose.
💡 En cas de doute, le mode M ou le Doppler énergie peuvent confirmer le mouvement pleural.
📈 Les Signes Dynamiques au Mode M
Le mode M (temps-mouvement) permet de visualiser les mouvements pleuraux dans le temps.
Signe de la mer
- Aspect de vagues horizontales au-dessus de la plèvre (paroi) et de texture granuleuse en dessous (poumon en mouvement).
- Indique un glissement pleural présent → poumon ventilé.
Signe du code-barres
- Lignes parallèles uniformes au-dessus et en dessous de la plèvre.
- Absence de glissement → pneumothorax ou apnée.
Point poumon
- Zone de transition entre le signe de la mer (glissement présent) et le code-barres (glissement absent).
- Signe pathognomonique de pneumothorax.
🧭 Le mode M transforme le mouvement respiratoire en une signature graphique simple et immédiate.
⚠️ Pièges Fréquents et Erreurs d’Interprétation
- Absence de glissement liée à l’apnée : le patient ne respire pas → vérifier la ventilation avant de conclure à un pneumothorax.
- Une seule ligne B isolée : peut être normale, surtout aux bases.
- Fausse ligne A : artefact pariétal ou musculaire → vérifier sur plusieurs zones.
- Absence d’artefacts visible : réglage inadéquat (gain ou profondeur).
- Profondeur trop faible : risque de ne pas visualiser les lignes B profondes.
🎯 Toujours vérifier le réglage de la profondeur (8–12 cm) et centrer la plèvre sur l’écran avant de conclure.
🔍 Intégration Clinique
L’analyse échographique doit combiner les artefacts et le mouvement :
- Glissement pleural → plèvres accolées.
- Lignes A → poumon aéré.
- Lignes B → surcharge liquidienne interstitielle.
- Signe de la mer → mouvement respiratoire normal.
- Code-barres → absence de mouvement (pneumothorax).
🧠 Un diagnostic fiable repose sur la corrélation des signes statiques et dynamiques, observés sur plusieurs zones et toujours replacés dans le contexte clinique.
🩺 Conclusion
L’échographie pulmonaire s’appuie avant tout sur l’analyse des artefacts.
Le poumon sain se reconnaît à ses lignes A, son glissement pleural, et son signe de la mer au mode M.
L’apparition de lignes B multiples ou la perte de mouvement pleural oriente vers une pathologie alvéolo-interstitielle.
💬 Résumé essentiel :
- Lignes horizontales = air.
- Lignes verticales = eau.
- Glissement = plèvres accolées.
- Code-barres = poumon décollé.
