🎯 Objectif
Identifier et différencier les aspects échographiques caractéristiques des principales atteintes pulmonaires aiguës :
- Syndrome interstitiel (lignes B) → excès de liquide ou épaississement interstitiel.
- Consolidation alvéolaire → comblement par liquide ou inflammation (poumon « hépatiforme »).
- Épanchement pleural → liquide dans l’espace pleural.
- Pneumothorax → air dans l’espace pleural (absence de glissement, pas de lignes B).
🩸 Syndrome interstitiel (lignes B)
Définition. Présence d’au moins trois lignes B par espace intercostal, s’étendant jusqu’au fond de l’écran, effaçant les lignes A et se déplaçant avec le glissement pleural.
Répartition et étiologies.
- Diffus, bilatéral et symétrique (antérieur, latéral, postérieur) : le plus souvent œdème pulmonaire d’origine cardiaque.
- Par plaques ou localisé : pneumonie, contusion, syndrome de détresse respiratoire aiguë.
- Prédominance basale dépendante : œdème interstitiel débutant.
- Diffus avec zones épargnées et plèvre irrégulière : SDRA ou fibrose pulmonaire.
Quantification pratique.
- < 3 par champ : aspect compatible avec la normale (surtout aux bases).
- ≥ 3 par champ et diffusion bilatérale : syndrome interstitiel.
- Confluence des lignes (aspect de “poumon blanc”) : inondation alvéolaire ou SDRA.
Signes clés. Multiples lignes B mobiles avec la plèvre, plèvre épaissie ou irrégulière, faisceaux confluent (« fusées pulmonaires »).
Pièges. Faux positifs dus au gel humide, aux fascias musculaires ou à l’air sous-cutané : vérifier la mobilité synchronisée avec la plèvre et la persistance en déplaçant la sonde.
🫁 Consolidation (syndrome alvéolaire)
Définition. Substitution de l’air alvéolaire par du liquide ou de l’inflammation : le parenchyme prend un aspect tissulaire (« hépatiforme »).
Signes échographiques.
- Aspect tissulaire : zone hypoéchogène, granuleuse, proche de l’aspect du foie.
- Bronchogrammes aériques : points ou lignes hyperéchogènes à l’intérieur de la zone consolidée.
- Bronchogrammes dynamiques : se déplacent avec la respiration → pneumonie (voies aériennes perméables).
- Bronchogrammes statiques : immobiles → atélectasie (obstruction bronchique).
- Signe “déchiqueté” : limite irrégulière entre le poumon aéré et la consolidation.
- Épanchement pleural associé fréquent, souvent visualisé comme une lame anéchogène au-dessus du diaphragme.
Étiologies courantes. Pneumonie, atélectasie, aspiration, contusion pulmonaire.
Conseil. Toujours explorer les zones postérieures et déclives : les consolidations y sont les plus fréquentes.
🌊 Épanchement pleural
Définition. Accumulation de liquide entre les plèvres pariétale et viscérale.
Signes échographiques.
- Espace anéchogène ou hypoéchogène entre la base pulmonaire et le diaphragme.
- Contours quadrangulaires formés par les plèvres, la côte et le diaphragme.
- Signe de la colonne vertébrale visible au-dessus du diaphragme grâce à la conduction du son par le liquide.
- Poumon collabé flottant dans le liquide (« signe de la méduse »).
- Mode M : oscillation de l’interface poumon–liquide avec la respiration.
Caractère du liquide.
- Anechogène : transsudat simple.
- Complexe ou cloisonné : exsudat ou empyème.
- Échogène : hémothorax.
Pièges. Artefact en miroir hépatique simulant un liquide ; petits épanchements visibles uniquement en inclinaison latérale ou en position assise.
🌪️ Pneumothorax
Physiopathologie. L’air sépare la plèvre viscérale de la pariétale → perte du glissement pleural et disparition des lignes B.
Signes échographiques.
- Absence de glissement pleural : ligne pleurale statique.
- Absence de lignes B, lignes A prédominantes.
- Mode M : aspect de code-barres (lignes horizontales parallèles au-dessus et au-dessous de la plèvre, sans granulation).
- Point pulmonaire : zone de transition entre glissement présent et absent → signe spécifique de pneumothorax.
Zones à explorer en priorité. Les régions antérieures et supérieures, car l’air remonte.
Chez un patient allongé, commencer par les zones antérieures.
Pièges.
- Apnée ou intubation sélective : relancer la ventilation et réévaluer.
- Adhérences pleurales : comparer d’autres zones.
- Emphysème sous-cutané : déplacer la sonde et renforcer le contact.
🔬 Lecture intégrée : aspects et diagnostics associés
- Aspect normal : glissement présent, lignes A dominantes, quelques lignes B isolées, sans aspect tissulaire ni liquide pleural.
- Aspect interstitiel (surcharge liquidienne) : glissement présent, lignes B diffuses (≥ 3 par champ), disparition des lignes A, plèvre parfois irrégulière, sans aspect tissulaire franc.
- Aspect de pneumonie / consolidation : glissement présent ou diminué, trame tissulaire, bronchogrammes visibles (dynamiques = infection, statiques = atélectasie), possible épanchement associé.
- Aspect d’épanchement pleural : glissement au-dessus du liquide, absence de lignes A/B dans la zone anéchogène, poumon flottant, diaphragme et colonne visibles.
- Aspect de pneumothorax : glissement absent, lignes A dominantes, pas de lignes B, code-barres au mode M, point pulmonaire parfois visible.
🩺 Conclusion
Les aspects échographiques pathologiques du poumon se résument à quatre grands profils :
- Lignes B diffuses → surcharge interstitielle ou œdème.
- Aspect tissulaire → condensation ou atélectasie.
- Espace anéchogène → épanchement pleural.
- Perte de glissement et lignes A seules → pneumothorax.
La combinaison des signes statiques et dynamiques, observés sur plusieurs zones et interprétés dans le contexte clinique, permet une évaluation rapide et fiable de la pathologie respiratoire aiguë.
💬 Règle d’or :
Horizontales = air • Verticales = eau • Tissu = alvéoles comblées • Pas de glissement = air pleural.
