🎯 Objectif
L’échographie de la région pelvienne vise à évaluer les structures superficielles et profondes du pelvis en cas de douleur hypogastrique, de trouble urinaire ou gynécologique, ou encore dans le cadre du bilan d’un épanchement abdominal déclive.
Elle complète l’exploration abdominale générale en apportant une vision précise de la vessie, de l’utérus et des annexes, du cul-de-sac de Douglas, ou de la prostate selon le contexte clinique.
⚙️ But : identifier les causes pelviennes d’un abdomen aigu ou d’une rétention urinaire, et détecter la présence d’un liquide libre ou d’une pathologie gynéco-urinaire associée.
🧰 Sonde & Réglages
L’examen se réalise avec une sonde convexe (2–5 MHz) pour la vue globale et une sonde linéaire haute fréquence (7–12 MHz) pour les zones superficielles (paroi, hernie, collection).
Le préréglage “Pelvis” ou “Abdomen” est recommandé, avec une profondeur de 12 à 18 cm selon la corpulence.
Le gain doit être modéré, et le foyer placé au centre de la zone d’intérêt.
Chez la femme en âge de procréer, un examen vessie pleine est idéal pour obtenir une fenêtre acoustique optimale.
💡 La vessie distendue agit comme une “fenêtre échographique naturelle”, améliorant la visibilité de l’utérus et du Douglas.
📍 Position du Patient
Le patient est installé en décubitus dorsal, pelvis dégagé.
Chez la femme, un remplissage vésical modéré (sans inconfort) est recommandé.
Chez l’homme, l’examen est réalisé vessie pleine également, en centrant d’abord sur le globe vésical.
Le balayage s’effectue dans les plans sagittal et transverse, du pubis vers l’ombilic.
🧠 En cas d’épanchement abdominal, le récessus pelvien est le dernier espace déclive où le liquide s’accumule.
💧 Évaluation de la Vessie
La vessie apparaît comme une cavité anéchogène bien limitée, à paroi régulière (≤ 3 mm) et symétrique.
L’étude se fait en longitudinal puis en transversal.
On évalue :
- La distension (recherche de globe vésical).
- L’épaisseur et la régularité de la paroi.
- Le contenu (présence de caillots, débris, sondes, tumeurs).
- La symétrie des jets urétéraux au Doppler couleur, témoin du bon drainage rénal.
Un épaississement pariétal diffus oriente vers une cystite ou une rétention chronique, tandis qu’un épaississement focal évoque une lésion tumorale ou un diverticule.
⚡ En urgence, une vessie distendue non drainée peut être à l’origine d’une insuffisance rénale obstructive bilatérale.
🌸 Exploration Pelvienne Féminine
Utérus
L’utérus est repéré juste en arrière de la vessie, orienté le plus souvent antéversé.
Sa structure est homogène, avec un myomètre finement échogène et une ligne centrale hyperéchogène correspondant à la cavité endométriale.
Les repères à noter :
- Longueur : 6 à 8 cm (selon âge et parité).
- Endomètre : épaisseur variable selon le cycle (2 à 12 mm).
- Contours : réguliers, sans masse ni distorsion.
Une hétérogénéité myométriale peut évoquer un fibrome ou une adénomyose.
Annexes
Les ovaires sont situés latéralement à l’utérus, repérables grâce à la présence de follicules anéchogènes.
Chaque ovaire mesure environ 3 × 2 × 2 cm.
L’échographie recherche :
- Kyste simple : anéchogène, paroi fine, sans flux.
- Kyste complexe : échos internes, cloisons, paroi épaissie.
- Torsion : ovaire augmenté de volume, stase veineuse, flux absent ou inversé au Doppler.
- Abcès tubo-ovarien : masse mixte, contours irréguliers, hypervascularisation périphérique.
Cul-de-sac de Douglas
C’est l’espace le plus déclive du pelvis féminin, entre utérus et rectum.
On y recherche un épanchement libre anéchogène (liquide clair, sang, pus).
Sa présence oriente selon le contexte vers :
- Rupture de kyste (liquide clair, modéré).
- Grossesse extra-utérine rompue (liquide sanglant, souvent abondant).
- Pelvipéritonite (liquide échogène avec débris).
🚨 Devant une douleur pelvienne aiguë chez une femme en âge de procréer, il faut éliminer une grossesse extra-utérine avant tout autre diagnostic.
🧍♂️ Exploration Pelvienne Masculine
Chez l’homme, l’échographie pelvienne évalue :
- La vessie (distension, paroi, résidu post-mictionnel).
- La prostate, visible sous la base vésicale comme une structure homogène ovalaire d’environ 3 × 4 cm.
Une hypertrophie prostatique entraîne souvent une protrusion intravésicale et un résidu post-mictionnel augmenté.
L’échographie recherche aussi :
- Kystes prostatiques (anéchogènes, bien limités).
- Calcifications (hyperéchogènes avec ombre).
- Prostatite aiguë : parenchyme hétérogène, hypervascularisation au Doppler.
🩺 La mesure du volume prostatique et du résidu post-mictionnel guide la prise en charge urologique initiale.
🩸 Épanchement Pelvien
Un liquide libre pelvien apparaît comme une zone anéchogène entre les viscères pelviens (utérus, rectum, vessie).
Il peut s’agir :
- D’un épanchement physiologique discret (ovulation).
- D’un sang (traumatisme, rupture de kyste, GEU).
- D’un pus (abcès, péritonite pelvienne).
La quantité et la nature du liquide** orientent la prise en charge :
un liquide clair modéré est souvent bénin, un liquide échogène ou cloisonné impose un bilan chirurgical.
💧 Chez la femme, tout épanchement pelvien doit être interprété selon le contexte clinique et hormonal.
⚙️ Applications Pratiques aux Urgences
L’échographie pelvienne permet de :
- Confirmer un globe vésical.
- Identifier une grossesse extra-utérine rompue.
- Diagnostiquer une torsion d’ovaire.
- Reconnaître un abcès pelvien.
- Guider une ponction de Douglas ou un drainage.
⚡ Dans les douleurs pelviennes aiguës, la combinaison vessie – utérus – Douglas donne la clé du diagnostic.
⚠️ Pièges et Limitations
- Une vessie vide masque les structures pelviennes profondes.
- Les gaz intestinaux gênent la transmission ultrasonore.
- Les lésions de petite taille peuvent nécessiter une échographie endovaginale ou endorectale.
- Chez les patients obèses ou opérés, la fenêtre acoustique peut être réduite.
🧠 En cas de doute ou de suspicion de complication, un scanner pelvien injecté est indiqué.
🩺 Conclusion
L’échographie pelvienne est un examen rapide, orienté et décisif dans l’évaluation des douleurs hypogastriques et des urgences gynéco-urologiques.
En associant l’étude de la vessie, de l’utérus ou de la prostate, des annexes et du Douglas, elle permet une prise de décision rapide et sûre au lit du malade.