Reins & Appareil Urinaire



Mongkolchon Akesin/Getty Images

🎯 Objectif

 

L’échographie rénale est un examen fondamental en médecine d’urgence.

Elle permet une Ă©valuation rapide et bilatĂ©rale de la fonction excrĂ©trice, la dĂ©tection d’une dilatation des cavitĂ©s pyĂ©localicielles, d’une obstruction urinaire, d’un traumatisme rĂ©nal ou d’un Ă©panchement pĂ©ri-rĂ©nal.

 

⚙️ But : confirmer ou exclure une cause obstructive, Ă©valuer la symĂ©trie, et rechercher les complications locales d’une infection ou d’un traumatisme.



đź§° Sonde & RĂ©glages

 

L’exploration rĂ©nale utilise une sonde convexe (2–5 MHz) pour sa bonne pĂ©nĂ©tration dans les tissus profonds.

Chez le patient mince ou l’enfant, une sonde linĂ©aire peut ĂŞtre employĂ©e pour une analyse plus fine des contours.

 

đź’ˇ RĂ©glages conseillĂ©s :

  • Profondeur : ajuster entre 10 et 15 cm.
  • Foyer : centrĂ© sur la zone mĂ©diane du rein.
  • Gain : moyen, pour bien distinguer le sinus hyperĂ©chogène du cortex plus sombre.
  • Mode Doppler : utile pour vĂ©rifier la perfusion, notamment en cas de doute sur une ischĂ©mie segmentaire.


đź§Ť Position du Patient

 

Le patient est placĂ© en dĂ©cubitus dorsal ou latĂ©ral controlatĂ©ral, bras au-dessus de la tĂŞte.

On explore d’abord le rein droit Ă  travers le foie, excellente fenĂŞtre acoustique.

Le rein gauche, souvent plus difficile Ă  visualiser, se recherche par voie intercostale postĂ©rieure avec une lĂ©gère inspiration profonde pour abaisser le diaphragme.

 

🪞 Un coussin sous le flanc amĂ©liore la visibilitĂ© du rein controlatĂ©ral.



đź§­ Anatomie Échographique Normale

 

Le rein mesure environ 10 Ă  12 cm de hauteur.

Il présente trois zones caractéristiques :

  • Cortex rĂ©nal : iso- Ă  lĂ©gèrement hypoĂ©chogène par rapport au foie.
  • Sinus rĂ©nal : très hyperĂ©chogène (graisse + vaisseaux + voies excrĂ©trices).
  • Pyramides de Malpighi : hypoĂ©chogènes, triangulaires, convergeant vers le sinus.

 

Le bassin rĂ©nal (pyĂ©lon) n’est normalement pas visible ou Ă  peine suggĂ©rĂ© par une fine ligne anĂ©chogène.

La symĂ©trie de taille et d’échogĂ©nicitĂ© entre les deux reins est essentielle.

 

🎯 Un rein asymĂ©trique ou Ă  parenchyme aminci Ă©voque une atteinte chronique.


đź’§ Recherche de Dilatation des CavitĂ©s ExcrĂ©trices

 

La pyĂ©lectasie se traduit par l’apparition d’une zone anĂ©chogène centrale qui s’étend vers les calices.

 

🔹 Stades de dilatation :

  • LĂ©gère : simple soulignement du sinus rĂ©nal.
  • ModĂ©rĂ©e : calices visibles, parenchyme conservĂ©.
  • SĂ©vère : parenchyme aminci, cavitĂ©s dilatĂ©es → risque d’obstruction prolongĂ©e.

 

Les causes fréquentes en urgence sont :

  • Calcul urĂ©tĂ©ral.
  • Compression extrinsèque (tumeur, grossesse, globe vĂ©sical).
  • Caillot post-traumatique.
  • Reflux vĂ©sico-urĂ©tĂ©ral.

 

đź§  Toute dilatation doit faire rechercher la vessie pleine : parfois, vider la vessie suffit Ă  lever une fausse impression d’obstruction.



🩸 Traumatismes & LĂ©sions Focales

 

Chez le polytraumatisĂ©, le rein doit ĂŞtre Ă©valuĂ© dans le cadre du FAST-Ă©tendu.

Un Ă©panchement pĂ©ri-rĂ©nal se manifeste par un croissant anĂ©chogène autour du rein, parfois hĂ©tĂ©rogène si le saignement est en cours.

Des zones hypoĂ©chogènes intraparenchymateuses peuvent correspondre Ă  un hĂ©matome ou une contusion rĂ©nale.

 

🚨 Tout traumatisme avec hĂ©matome pĂ©ri-rĂ©nal visible = suspicion de lĂ©sion parenchymateuse → scanner injectĂ© indispensable.



đź§© PyĂ©lonĂ©phrite & Infections

 

La pyĂ©lonĂ©phrite aiguĂ« peut se traduire par :

  • Un rein augmentĂ© de volume, hĂ©tĂ©rogène.
  • Des zones hypoĂ©chogènes mal dĂ©finies (Ĺ“dème inflammatoire).
  • Une hyperhĂ©mie Doppler marquĂ©e.

 

Une collection pĂ©ri-rĂ©nale ou un abcès se prĂ©sente comme une image anĂ©chogène ou mixte, mal limitĂ©e, parfois avec dĂ©bris internes.

 

⚠️ Toute collection pĂ©ri-rĂ©nale doit ĂŞtre Ă©valuĂ©e pour un Ă©ventuel drainage guidĂ©.


đź«§ Ă‰chographie de la Vessie

 

L’examen de la vessie complète systĂ©matiquement l’évaluation rĂ©nale.

RĂ©alisĂ©e sur vessie pleine, elle permet de :

  • Rechercher un globe vĂ©sical (rĂ©tention aiguĂ«).
  • Identifier une masse intravĂ©sicale ou un caillot.
  • VĂ©rifier la symĂ©trie des jets urĂ©tĂ©raux au Doppler couleur (tĂ©moigne d’un bon drainage).

 

Après miction, le rĂ©sidu post-mictionnel peut ĂŞtre estimĂ© en multipliant :

largeur Ă— hauteur Ă— longueur Ă— 0,52 (en ml).

 

đź’§ Une rĂ©tention complète ou un gros rĂ©sidu post-mictionnel est souvent la cause d’une dilatation bilatĂ©rale faussement pathologique.



⚙️ Limites & InterprĂ©tation

 

Les principales limites de l’examen sont :

  • L’obĂ©sitĂ© ou le pansement thoraco-abdominal.
  • Le mĂ©tĂ©orisme digestif masquant le rein gauche.
  • La difficultĂ© d’obtenir une apnĂ©e stable.

 

L’échographie reste un outil de première intention, mais toute anomalie suspecte (lĂ©sion focale, traumatisme complexe, obstruction bilatĂ©rale) doit ĂŞtre complĂ©tĂ©e par un scanner injectĂ©.

 

đź§  L’absence de dilatation n’exclut pas une obstruction rĂ©cente : seule la clinique dĂ©cide.



🩺 Conclusion

 

L’échographie rĂ©nale et vĂ©sicale est une examen clĂ© au lit du patient.

Elle permet en quelques minutes de confirmer une obstruction urinaire, de dĂ©tecter une infection compliquĂ©e, un traumatisme, ou un Ă©panchement pĂ©ri-rĂ©nal.

 

Sa rapidité, sa sécurité et sa reproductibilité en font un outil indispensable pour tout médecin d’urgence.

 

đź’¬ En urgence, deux reins bien visibles = un rein serein.

Et si la cavité se dilate, cherchez l’obstacle sans attendre.